Pourquoi les importations de voitures d'occasion ne cessent d’augmenter au Cameroun

Christian Happi News 15.11.2016

D’après les  experts, la forte importation des voitures de seconde main traduit le faible pouvoir d’achat des Camerounais surtout que  les véhicules d’occasion sont toujours moins onéreux que les neufs.

En effet en seulement neuf mois, c'est-à-dire entre janvier et septembre  de cette année, 45 000 voitures d’occasion ont été dédouanées au Port autonome de Douala, d’après les chiffres  communiqués par le  Guichet unique du commerce extérieur (GUCE). Que cachent ces chiffres? 

D’après les  experts de ce secteur d’activités, ce niveau d’importation traduit tout simplement le faible pouvoir d’achat des Camerounais,  les véhicules d’occasion étant toujours moins onéreux que les neufs.
« Les Camerounais aiment les belles choses mais sont réalistes et n’achètent que ce qui est à leur portée. Le phénomène des voitures d’occasion n’a commencé que dans les années 90. Je suis optimiste, je pense que ça finira et qu’un jour  nous fabriquerons nos propres voitures », analyse un Expert automobile.

La hausse des importations des voitures de seconde main  est aussi  encouragée par  l’absence d’usines de fabrication  ou d’assemblage de véhicules «  made in Cameroon ». Reste à attendre  le démarrage  effectif  de la Cameroon automobile Industry Compagny (CAIC) en gestation dans la zone industrielle de Bonabéri et à Kribi. En fin 2017, la filiale camerounaise du groupe indo-chinois  mettra sur le marché entre autres des bus, des camions et véhicules légers, des pick-up.  Le coût de l’investissement  est de plus de 92 milliards de FCFA. « Pour le moment, le financement est assuré en equity par les actionnaires. Mais il y a un pool bancaire qui doit accompagner le financement à long terme, donc nous sommes en train de travailler sur les garanties et tous les éléments de sûreté pour lever les premiers fonds »,  confiait Roger Djakam,  le représentant local de CAIC.


Ces  voitures,  communément  appelées « occasion Belgique », sont massivement achetées  du fait  de  la quasi-inexistence du crédit automobile.
A part  deux ou trois banques notamment Société Générale Cameroun qui propose un  financement à 80% du prix d’achat TTC d’un véhicule à sa clientèle,  aucune autre établissement de crédits ne dispose de ce type de financement dans ses offres. Pourtant sa présence  aurait davantage dopé  la vente des voitures en état neuf.   De même que jugé trop élevé, le droit de douane imposé aux engins quatre-roues contraints certains importateurs à jeter leur dévolue sur  les  automobiles usagés. La valeur imposable  s’obtient en additionnant la valeur Argus au fret, le tout multiplié par les taux de douanes :
  • 57,525% pour les véhicules de tourisme; 
  • 46,05% pour les utilitaires; 
  • 33,675% pour les véhicules lourds.
Cette préférence pour l’achat d’un véhicule ne sortant pas fraîchement des chaînes de montage, pourrait être enfin, la conséquence de la gourmandise des concessionnaires ou distributeurs. A titre d’exemple,  chez Jumia  Car,  
  • une voiture de marque « Nissan Primera 2005 » coûte 4,7 millions de FCFA,  
  • une Toyota Vitz 2008 noir 3,8 millions de FCFA
  • une Toyota Carina 1998 Bleue à 1,3 million de FCFA... 
Des sommes qui ne sont pas toujours à la portée du Camerounais moyen qui souhaite acquérir une voiture à bas coût.